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Les blessures d’attachement dans la relation amoureuse : comprendre pour mieux réparer


Dans le cadre thérapeutique, les conflits de couple ne sont jamais uniquement des malentendus sur le quotidien. Ils révèlent souvent des blessures plus profondes, des fragilités anciennes enracinées dans l’histoire affective de chacun. Ces blessures, dites d’attachement, façonnent nos modèles internes opérants : des représentations inconscientes de soi, de l’autre, et de la relation. Comprendre ces schémas est un préalable indispensable à toute démarche de réparation.


Les modèles internes opérants : qu’est-ce que c’est ?

Le concept provient de la théorie de l’attachement (John Bowlby). Les modèles internes opérants sont des structures mentales construites dès l’enfance à partir des expériences répétées avec les figures d’attachement (généralement les parents). Ils fonctionnent comme des « filtres » à travers lesquels nous interprétons les comportements de l’autre et les intentions relationnelles.

Un enfant qui a été accueilli, consolé, sécurisé intégrera le message implicite suivant : « je suis digne d’amour, et l’autre est fiable ». Inversement, un enfant confronté à l’indisponibilité émotionnelle, au rejet ou à l’incohérence apprendra : « je dois me méfier pour ne pas être blessé » ou « je ne suis pas vraiment aimable ».


Comment ces modèles influencent-ils la relation de couple ?

Dans la relation amoureuse, ces modèles internes sont réactivés de manière puissante et souvent inconsciente. L’intimité ravive ce qui a été inscrit précocement. C’est là que les blessures d’attachement refont surface.

Exemple 1 : Le schéma d’abandon

Sophie, 38 ans, reproche régulièrement à son conjoint, Marc, son manque de disponibilité émotionnelle. Elle se sent seule, vite rejetée quand il prend du temps pour lui. Derrière sa colère, une peur profonde d’être abandonnée. Enfant, elle devait gérer seule l’absence affective d’une mère dépressive.

Ici, le modèle opérant est : « Je ne suis pas constamment rassurée, l’autre va m’oublier ou m’abandonner ».

Exemple 2 : Le schéma d’intrusion

Thomas, 41 ans, se referme dès que sa partenaire cherche à aborder ses émotions. Il fuit les discussions intimes, les interprète comme une menace. Petit, il a grandi avec une mère envahissante et peu respectueuse de ses frontières psychiques.

Son modèle opérant : « l’autre va me contrôler ou m’envahir si je me montre vulnérable ».


Comprendre, ce n’est pas excuser, c’est contextualiser

Dans un cadre thérapeutique, le travail consiste à identifier ces blessures sans s’en faire des alibis. Il ne s’agit pas de se réfugier dans son passé pour justifier des comportements destructeurs, mais de faire des liens qui permettent d’assouplir les réactions automatiques.

C’est ce qu’on appelle en thérapie un travail de mentalisation : pouvoir observer ses états internes, les nommer, et progressivement les transformer.


Réparer : une co-responsabilité

La réparation ne peut se faire ni seul, ni uniquement à travers l’autre. Elle repose sur deux axes simultanés :

  1. Un travail individuel : reconnaître sa blessure, la différencier du présent, développer de nouvelles compétences relationnelles (régulation émotionnelle, demande explicite, mise en mots).

  2. Un travail de couple : créer un espace de sécurité où chacun puisse explorer son vécu sans être jugé ni invalidé. Cela suppose un minimum de disponibilité émotionnelle, d’écoute active et de patience.

La question-clé que chaque partenaire doit pouvoir se poser est la suivante :« Comment puis-je contribuer à sécuriser l’autre sans renier mes propres besoins ? »


Guérir, ce n’est pas effacer, c’est transformer

Les blessures d’attachement ne disparaissent pas. Mais elles peuvent cesser de gouverner la relation. Elles deviennent alors des lieux de croissance, à condition d’être reconnues, comprises et travaillées à deux.

Comprendre ses modèles opérants, c’est se donner la possibilité de réagir autrement. Et c’est souvent là, dans ce petit espace entre le déclencheur et la réponse, que naît la liberté relationnelle.


Petit conseil lecture si vous voulez approfondir le sujet :


 
 
 

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