"L’amour dure trois ans" : mythe populaire ou réalité psychologique ?
- frédéric lacrabere
- 12 mai
- 2 min de lecture

Le dicton "L’amour dure trois ans", popularisé par le roman de Frédéric Beigbeder, soulève une question récurrente que rencontrent nombre de thérapeutes de couple : l’amour a-t-il une date de péremption ? En tant que psychologue spécialisé dans la thérapie conjugale, je constate que derrière cette affirmation provocatrice se cachent des réalités psychologiques intéressantes sur les phases de la vie amoureuse.
Les premières années d’une relation sont souvent marquées par une passion intense, alimentée par des neurohormones comme la dopamine et l’ocytocine. Cette phase d’idéalisation est euphorisante mais temporaire. Vers la troisième année, de nombreux couples expérimentent une transition : les projections idéalisées s’effacent, les différences apparaissent plus nettement, et le quotidien impose ses contraintes. Ce moment critique est parfois vécu comme une "chute" de l’amour, alors qu’il s’agit en réalité d’une évolution naturelle.
Ce que ce dicton résume de manière simpliste, c’est en fait le passage de l’amour passionnel à un amour plus mature et authentique. C’est souvent à ce stade que les couples qui n’ont pas appris à communiquer, à négocier leurs besoins ou à construire une intimité émotionnelle solide commencent à vaciller. D’où cette impression que "l’amour s’arrête".
Mais l’amour ne s’éteint pas mécaniquement au bout de trois ans. Il change de nature. Dans mon cabinet, j’accompagne de nombreux couples qui traversent ce cap avec succès, à condition d’en comprendre
les enjeux. Cela nécessite d’accepter que l’amour n’est pas une émotion constante mais une construction dynamique, fondée sur des choix, de l’engagement et une volonté partagée de croissance mutuelle.
Ainsi, le dicton "l’amour dure trois ans" peut être vu comme un signal d’alarme utile : il invite à ne pas prendre le lien amoureux pour acquis. Mais plutôt que d’en faire une fatalité, il peut devenir une invitation à travailler sur soi, à entretenir le lien, et à faire évoluer la relation. Car l’amour, bien que moins spectaculaire après trois ans, peut devenir plus profond, plus stable, et plus vrai.
Au début on s'aime fort, après on s'aime mieux
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