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Le consentement sexuel dans le couple marié : une évidence trop souvent négligée




En tant que thérapeute de couple, je suis régulièrement confronté à une idée reçue aussi tenace que dangereuse : celle selon laquelle, une fois marié·e, le consentement sexuel ne serait plus un sujet. Ce mythe, profondément ancré dans les représentations traditionnelles du couple, repose sur une conception erronée de l’intimité conjugale. Il est pourtant essentiel de rappeler que le consentement reste un principe fondamental, y compris — et surtout — dans le mariage.


Le consentement sexuel, c’est l’expression libre, claire et enthousiaste de l’accord à un acte sexuel. Il doit être donné à chaque fois, pour chaque interaction, et peut être retiré à tout moment. Le mariage n’implique pas une disponibilité sexuelle permanente ni une obligation implicite d’avoir des rapports. Aimer, ce n’est pas posséder l’autre ; c’est respecter ses désirs, ses limites, ses émotions.


Dans les consultations, j’entends parfois des phrases comme : « Mais c’est mon mari, je ne peux pas lui dire non tout le temps » ou « Elle refuse souvent, je me sens rejeté ». Derrière ces mots, il y a souvent une profonde incompréhension de ce qu’est une sexualité saine et mutuellement satisfaisante. La frustration, le besoin de proximité ou la peur du rejet ne justifient jamais la pression, la culpabilisation ou l’insistance.


Le consentement n’est pas seulement une barrière au viol conjugal — encore trop peu reconnu socialement — c’est aussi un fondement du désir partagé. Une sexualité épanouie repose sur la réciprocité, la liberté de dire non, mais aussi de dire oui dans un climat de confiance. Lorsque l’un des partenaires se sent obligé·e, le lien érotique s’érode, et l’intimité devient mécanique, voire douloureuse.


Dans le cadre conjugal, cette question du consentement touche aussi à la communication émotionnelle. Oser dire non, c’est se sentir assez en sécurité pour exprimer ses besoins ; savoir entendre un non, c’est faire preuve de maturité affective. Les couples qui savent parler de leur sexualité — y compris de ce qui ne va pas — renforcent leur lien plutôt que de le fragiliser.


Il est temps de sortir du silence et de la complaisance. Le consentement sexuel n’est pas un détail ou un luxe réservé aux débuts de la relation. C’est un pilier du respect mutuel, un acte d’amour lucide et responsable. Même dans le mariage, surtout dans le mariage, il doit rester une évidence quotidienne.

 
 
 

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