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La sexualité dans le couple : quand le silence du corps devient symptôme

La sexualité tient une place singulière dans la vie du couple. Elle est à la fois langage, ciment, territoire de plaisir, mais aussi miroir des tensions, révélateur des non-dits et parfois, lieu du désaccord ou de l’éloignement. Quand elle s’efface, ce n’est jamais neutre. La disparition du désir ou des rapports sexuels au sein d’un couple n’est pas une simple évolution anodine : c’est souvent le symptôme d’un déséquilibre plus profond.


Dans les premiers temps d’une relation, la sexualité est souvent vive, spontanée, marquée par la découverte de l’autre et le désir de fusion. Puis, au fil des années, la routine, les responsabilités, les pressions professionnelles ou parentales peuvent éroder ce lien corporel. Ce qui n’était au départ qu’un ralentissement peut devenir une absence durable. Mais quand la sexualité s'efface totalement – sans qu'il y ait de volonté partagée ou de consentement à cette transformation – quelque chose se joue, ou plutôt, se fige.


La disparition de la sexualité dans un couple est rarement une cause en soi : c’est un symptôme. C'est pour cela qu'on parle peu de sexualité en thérapie de couple sauf quand elle est le problème. Elle peut signaler un éloignement affectif, une communication qui s’est appauvrie, des rancunes non exprimées, ou un déséquilibre de pouvoir. Le corps devient alors muet là où il était autrefois langage. Le silence des gestes peut traduire un sentiment d’incompréhension, de fatigue émotionnelle, voire un besoin inconscient de se protéger.


Il faut aussi distinguer les types de silence sexuel.

Parfois, l’un des deux partenaires se désengage, laissant l’autre dans la frustration ou l’incompréhension.

Parfois, les deux s’éloignent en silence, comme un accord tacite de ne plus se toucher.

Il arrive aussi que la sexualité persiste de manière mécanique, sans désir véritable : là encore, le symptôme est présent, mais plus subtil.


Les signes sont nombreux : évitement du contact physique, sommeil décalé, absence de regards complices, sentiment d’être devenu colocataires plus qu’amants. Parfois, le malaise se manifeste dans le corps lui-même : douleurs, pannes, fatigue chronique. Le corps dit ce que les mots taisent.


Faut-il s’en alarmer ? Oui, si cette disparition n’est pas choisie, et si elle crée de la souffrance. Mais non, si elle devient une opportunité de remise en question, de dialogue, voire de renaissance. La sexualité évolue, elle traverse des phases. Ce qui importe, c’est de pouvoir en parler, sans honte ni accusation. De comprendre ce qui, dans le lien, s’est distendu. Et d’oser, parfois, reconstruire une intimité sur de nouvelles bases.


La disparition du désir n’est pas toujours la fin de l’amour. Mais elle en est souvent le cri silencieux. Y prêter attention, c’est respecter le couple, et reconnaître que le corps, lui aussi, a besoin d’écoute.

 
 
 

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