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Dans l’intimité d’une séance de thérapie de couple, la première séance

Dernière mise à jour : 22 avr.



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Cette séance est complètement fictive !


Durée : 1h30. Lieu : un cabinet clair, silencieux. Un canapé pour s'assoir côte à côte, un autre en face. Un couple, un thérapeute. Une heure trente pour dire ce qui ne se dit plus à la maison.


La thérapie de couple a cette particularité qu'elle ne traite personne en particulier mais le couple et chacun des deux protagonistes, je reçois toujours trois personnes.


16h00 : Ils arrivent ensemble, mais sans se regarder vraiment. Elle tient son sac contre elle comme un bouclier. Lui reste debout un moment, les mains dans les poches, avant de s’asseoir. Le thérapeute les accueille avec une voix douce : "Bienvenue. Je suis Frédéric, je vous propose de vous assoir et on pourra parler de ce qui vous amène aujourd’hui"

Un silence. Puis elle commence. Par des mots mesurés. "On n’arrive plus à se parler sans que ça explose. "Il hoche la tête. Il a l’air fatigué. "Je ne sais plus comment la rejoindre. Tout ce que je dis, c’est mal pris. "C’est posé. C’est là. Le malaise, la douleur, le besoin.

On s'exprime librement, je m'occupe de faire circuler la parole librement de l'un à l'autre. J'en profite pour poser quelques questions plus terre à terre pour remplir la fiche d'identification du couple. Cela me permet de commencer à vous rencontrer.


16h20 : La séance prend son rythme. Chacun parle à tour de rôle. Je guide, recadre doucement : "Parlez de vous, pas de l’autre. "Alors elle dit : "Je me sens seule, même quand il est là.

"Il répond : "J’ai l’impression que tout ce que je fais est insuffisant. "Peu à peu, les phrases se creusent. Moins d’accusations, plus d’émotions. On ne parle plus de la vaisselle ou des horaires, mais de manque, de peur, de blessures anciennes.

Je creuse un peu la rencontre de ce coule, la famille, la route qui a été faite jusqu'à aujourd'hui.


16h45 : Le thérapeute les invite à ralentir, à se regarder. Exercice difficile. Ils évitent d’abord le regard de l’autre, puis s’y risquent. Il dit : "Je t’en veux d’avoir baissé les bras. "Elle dit : "Je t’en veux de ne pas avoir vu que j’étais en train de couler. "Les voix tremblent. Les silences sont lourds, mais féconds.


17h00 : On explore le passé. Les débuts. Ce qu’il y avait avant les disputes. "Tu te souviens de ce week-end où on n’avait rien prévu, et tout roulait ? "Un sourire furtif. Comme un fil qu’on tente de renouer. Je note ce moment : "C’est précieux. C’est encore là, quelque part."


17h20 : Les larmes arrivent. Pas de honte ici. Le cabinet est un espace suspendu. On peut dire qu’on est fatigué d’aimer. On peut dire qu’on a peur de se perdre. Le cabinet est un vrai espace de sécurité où personne n'est jugé sur ce qu'il fait ou ce qu'il dit.

Je propose un exercice pour la maison : s’écrire une lettre, sans filtre, sans reproche. Une lettre de vérité. Pas pour convaincre, juste pour dire.


17h30 : La séance s’achève. Ils se lèvent. Le pas est lent, le silence toujours là, mais il n’est plus le même. Il n’est plus hostile. Il est dense. Ils ne se sont peut-être pas retrouvés en 90 minutes, mais ils ont amorcé un mouvement. Un pas vers l’autre. Vers eux. Il est temps de régler la séance et de poser le prochain RDV s'il doit avoir lieu et si on s'est senti en confiance.


La thérapie de couple, ce n’est pas recoller des morceaux brisés. C’est apprendre à se voir autrement. À nouveau. Parfois pour continuer ensemble. Parfois pour se quitter avec respect. Mais toujours pour comprendre.

 
 
 

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