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Le couple sous pression : quand la société s’invite dans l’intimité




Aimer à deux pourrait sembler être une affaire privée, un échange entre deux individus qui choisissent de partager un bout de chemin. Et pourtant, le couple n’évolue jamais dans le vide. Il est constamment traversé, influencé, parfois déformé par les attentes sociales, les normes culturelles, les modèles familiaux, les diktats de réussite ou d’épanouissement amoureux. Dans cette mêlée invisible, le couple vacille souvent entre désir personnel et pression collective.


La société impose des récits. Celui du couple parfait, complice, sexuellement épanoui, éternellement amoureux. Celui du timing idéal : se rencontrer à un âge « raisonnable », s’installer, avoir des enfants, construire, réussir. Ces récits, relayés par les films, les réseaux sociaux, les conseils bien intentionnés, tracent une ligne de conduite qu’il faudrait suivre pour être « normal », « heureux », « accompli ». Et quand notre réalité ne colle pas à cette image lisse, la souffrance surgit : sentiment d’échec, honte, doute, culpabilité.

Rappelez vous bien que le normal n'existe pas et que dans mon cabinet je peux éventuellement parler de la norme statistique qui n'est pas non plus une injonction.


Il y a les injonctions visibles – « Vous vous mariez quand ? », « Toujours pas d’enfant ? », « Vous vivez séparés ? » – et celles, plus sournoises, qui s’infiltrent dans les pensées : Suis-je assez attirant(e) ? Pourquoi je ne ressens plus ce feu ? Est-ce que c’est ça, l’amour ? Ces voix extérieures deviennent intérieures, jusqu’à brouiller notre propre ressenti. On finit par juger son couple à l’aune de critères qui ne sont pas les siens.


Le poids est encore plus lourd pour certains profils : les femmes, souvent sommées d’être à la fois amantes, mères, indépendantes, douces, et disponibles. Les hommes, eux, se débattent avec l’image du pilier fort, performant, protecteur. Les couples non conventionnels (homosexuels, polyamoureux, sans enfants, à distance...) doivent souvent se justifier, prouver leur validité, comme si aimer différemment était une provocation. Ils ont aussi leurs propres injonctions


Ce poids social génère une pression silencieuse mais réelle. Elle peut engendrer du mal-être, des conflits, des décisions prises pour répondre aux attentes plutôt qu’aux envies profondes. On reste ensemble pour ne pas « échouer », on se marie pour faire plaisir à la famille, on fait un enfant parce que « c’est le moment », sans forcément s’écouter.


Pourtant, chaque couple a sa propre vérité, sa propre forme, ses propres besoins. Il n’existe pas un modèle universel du bonheur à deux. La libération passe par la reconnexion à soi, à l’autre, par la capacité à distinguer ce qui vient de l’intérieur de ce qui vient de l’extérieur. Par le courage, aussi, de créer un espace à deux qui ressemble vraiment à ceux qui le vivent.

Malheureusement, ce courage, cette capacité à mettre à distance le regard des autres est une histoire de caractère, souvent d'âge et d'expérience.


Être en couple, aujourd’hui, c’est aussi un acte de résistance : celui de refuser les injonctions, d’oser décevoir les attentes, pour mieux inventer une forme d’amour sincère, libre, vivante.

 
 
 

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